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Note
de l'auteur |
NOTES
DE L’AUTEUR
Cette légende trouve son origine durant la guerre de cent ans. Ce fut une époque complexe à vivre : lutte avec l'ennemi, conflits entre les grands seigneurs, difficultés pour les rois légitimes d'asseoir leur autorité dans une fin de Moyen Age remettant en cause beaucoup de valeurs, vie pénible et hasardeuse pour le peuple ne comprenant pas toujours le pourquoi des événements. Cette légende a certainement été transmise oralement de génération en génération. Au XJXe siècle, elle fût écrite par plusieurs auteurs : Rénal (1835), Gacogne (1840), Raverat (1865), Pagani (1890), Bletton (1892), De Senneville (1892). Deux ballades le furent aussi, la première de M. A. Gacogne (1835) et la seconde de M. J.-B. Rimbourg (1862). Tous les récits sont datés. Le début de l'histoire commence pour le ban des vendanges 1365 ou 1367. Pour l'incendie j'ai trouvé plusieurs versions. Dans
la tour incendiée, il y aurait eu la dame de Châtillon,
ou la dame d'Albon, ou plusieurs femmes. Pour l'enfant, on parle de
sa fille, sa nièce, sa petite cousine ou plusieurs enfants.
L'enfant s'appelle Jeanne ou Hermance. Toutes s'accordent sur le saltimbanque
qui revêt sa peau d'ours (peau de mouton noir) et la trempe
dans l'eau, ou dans la mare à cochons avant de délivrer
la dame et l'enfant. Comme dans toutes les légendes, les héros sont jeunes, beaux et vivent après les épreuves l'amour partagé ; mais ici, ils n'auront pas d'enfants. Jeanne-Hermance disparaît de tous les récits pendant que son preux chevalier guerroie les Anglais. Il revient au pays apportant à tous secours, sagesse, conseils. Le Baboin, pour moi, trouverait son origine dans le langage qui devait être utilisé à cette époque. Le dictionnaire étymologique du patois Lyonnais, de Nicolas de Puitspelu donne cette déclinaison BABOU - BABOUIN - BABOIN » Bête noire, animal fantastique qui faisait peur aux petits enfants « gare au babou ». Cette expression est encore utilisée dans certaines familles chazéennes. Un auteur dit « BABOIN » vient de « BAST BEOIN », celui qui se bat bien ( Histoire d’Anse de M. Serrant ). Dans les récits on parle du saltimbanque Sautefort qui deviendra après son exploit valet, écuyer avec le prénom de Théodoro. Il sera armé chevalier, puis se verra confier la charge de capitaine châtelain de Chazay par l’abbé d’Aînay. M. Pagani reconnaît en Jehan du Mas ( de Manso ) le Baboin de Chazay. Le nom de ce chevalier est cité dans la réponse que fait Charles V à propos du différend qui oppose l'abbé d'Ainay et ses vassaux, en 1379. M. Pagani nous dit que le chevalier devient Jehan du Mas, par la grâce de l'abbé d'Ainay qui le dotera des revenus de plusieurs terres à Chazay dont la propriété du Mas qui occupe une belle superficie dans le village. De tous les récits, M. Pagani a le plus riche en détails. Après avoir compulsé la plupart des auteurs du 19 et du 20ième siècle qui avaient relaté la légende et ceci sans omettre les journaux publiant l'annonce et le déroulement des fêtes du Baboin au cours de ces deux siècles, j'ai replacé la légende dans le contexte historique de l'époque qui l'aurait vue naître. J'ai retrouvé au fil de mes recherches des faits réellement vécus à Chazay, en Lyonnais et bien sûr en France, à cette époque de 1365 à 1435. Quel bonheur pour Chazay de posséder une telle légende! A chaque conteur, de la donner avec ses mots, avec son cœur. Surtout, ne pas l'oublier et vivre l'héritage. Dans le cœur de chacun un Baboin, Théodoro, chevalier ne demande qu'à se réveiller. Hériter de la légende c'est la garder vivante. Un héritage doit toujours être en devenir. C'est pour cela qu'au rythme des conteurs, elle se transforme, se remodèle. Conter la légende, c'est aussi devenir ce héros légendaire de Chazay d'Azergues ! Yvonne BÉNISTANT
Album du Lyonnais - Villes, bourgs, villages, églises
et châteaux du département du Rhône. Sous la direction
de L. Boitel (1843) - Gacogne -Imprimerie L. Boitel
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