Histoire

 

 

 

 
Les origines de Chazay
 

 

Chazay féodal

CHAZAY

De ses origines


C'est dans ce décor idyllique et virgilien qu'est placée la petite cité dont je vais essayer d'évoluer le passé, laissant à de plus compétents le soin de parler de sa situation présente.

A vrai dire, l'histoire de Chazay se confond avec celle de l'abbaye lyonnaise d'Ainay, dès ses lointaines origines lui servit de mère et de soutien.

On ne peut parler de l'une sans penser à l'autre.Un chroniqueur de la ville qui baigne ses murs dans la poétique Azergues l'a bien compris.En quelque cinq cents pages, il en a bien consacré quatre cents au monastère de Lyon.

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Chazay, en latin Casetus,( petit châtelet) a dû remplacer un poste romain, établi par les conquérants des Gaules pour garder le passage de la rive gauche de l'Azergues, voie naturelle entre Anse et les monts du Lyonnais ou du Beaujolais, par Lozanne ou Chamelet. La position était admirable, dominant une région facile à surveiller du haut d'une éminence aux pentes raides, facilitant la vue et la défense. On peut s'en rendre compte en gravissant les sommités voisines, et particulièrement la crête de Saint-Jean-des Vignes.
Ce lieu offrait également d'autres avantages. La vue déployée est magnifique et pleine de variété, les eaux venant du plateau de Charnay sont fraîches et aboudantes, et la fertilité du sol est remarquable.

De nos jours, la culture des arbres à fruits s'y donne-t-elle pas des résultats merveilleux ?

Bref, tout militait en faveur de la création d'un centre dont l'avenir se présentait sous les meilleurs auspices.
De cette époque lointaine, il nous reste quelques témoins le cimetière gallo-romain découvert près de la route ancienne d'Anse à Lozanne. L'enceinte du «£astrurn », qui apparaît à Cil près continue aux yeux exercés des chercheurs.. Cet ensemble a été étudié avec soin par quelques passionnés érudits, parmi lesquels on peut citer le regretté M. L.-B. Mord, qui habita quelques années le château de Chazay et en opera une intelligente réfection.

Le « Castrum » romain avait deux enceintes. et un donjon, pièce capitale de l'ouvrage, refuge en cas de dernière extrémité. Trois portes permettaient d'y pénétrer celle dite du Baboin ou des Balmes au sud, celle du Grand Bourg à l'ouest, et enfin celle des Tarennes, allant à. Morancé, au nord ; elle fut démolie vers 1825 et une rare eau-forte en conserve le souvenir. Cette première enceinte renfermait le bourg, ou se pressaient sans ordre trois minuscules maisons, Moyen Age .


La seconde enceinte, où l'on entrait par deux portes, dites du « Castrum », abritait les principaux monuments de la cité. Les deux églises : Saint-Pierre et Saint-André, ainsi que leurs cimetières, le Prieuré, le château des abbés d'Ainay et celui de l'arclievêqne de Lyon.Ces trois derniers donnant sur le rempart dominant la rivière.Ajoutons l'hôpital et les hôtels des nobles familles voisînes sans omettre le donjon.

Nous aurons ainsi la composition de la cité médiévale, dont l'allure extérieure émerveillait le voyageur qui parcourait la riante contrée. Tours et clochers pointaient sur l'horizon et, par leur abondance et leur harmonie, annonçaient une ville prospère et riche méritait ses titres de châtellenie et de baronnie, sons la bannière des opulents abbés d'Ainay.

Ceux-ci en avaient la jouissance depuis le milieu du IXe siècle, par la donation que leur en fit Boson, le fameux roi de Bourgogne, possesseur de la majeure partie de ce qui deviendra le Lyonnais.
Riche, certes, le Prieuré de Chazay le fut dès ses origines. Les dons affluaient et le « Cartulaire d'Ainay » ne cesse de les mentionner, au long des âges. Ils consistaient en maisons, curtils avec jardins, vignes, vergers, terres labourables et forêts, etc, à Lozanne, Chasselay, Morancé D'autre part, les prieurs s'agrandissaient de même par achats, surtout aux alentours de l'an mille et à l'époque des Croisades ; on en devine la cause.

De quelques monuments


Le plus vénérable et le plus ancien monument que nous ait légué l'époque romane est l'église 'Saint-Pierre', qui subsista,à peine remaniée, jusqu'en 1813. Elle avait été bâtie par les moines d'Ainay , sur les ruines d'un temple païen, croit-on. Son antiquité est attestée par la simplicité de son plan, son manque absolu de sculptures, ses voûtes en berceau et son appareil en arêtes de poisson.

Elle avait trois nefs et deux tours, l'une démolie après 1813, et l'autre coiffée en 1871 d'une vierge en fonte de fer, réplique de celle de Fourvière Depuis 1685, elle ne servait plus au culte.Devenue insuffisante, malgré ses 29 mètres de long sur 14 de large, on éleva, vers 1300l'église paroissiale de Saint-André, dont on ignore les dimensions.Elle était de style roman, avec une abside en cul-de-four et deux absidioles.


-Elle fut brûlée en 1418, lors du siège de Chazay par les Bourguignons, puis reconstruite peu après, avec une pauvreté et un manque d'élégance dénotant la misère et la calamité du temps. Elle a subsisté en cet état jusqu'eu 1892, date où elle fut transformée en maison d'habitation, avec jardin sur la nef. Elle était digne d'un souvenir par ses trois chapelles et la dalle armoriée du clianoine Guy de la Chana, précédemment à Saint-Pierre et aujourd'hui au Musée de Lyon.


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La nouvelle église est de 1872. MM. Beniard père et fils en furent les architectes.
En plus de ses églises, Chazay possédait trois hôpitaux qu'il convient de mentionner, car le fait est rare pour une ville d'importance plutôt secondaire.
Au nord, vers les Troches, se trouvait la Maladière, qui recevait les contagieux atteints de la peste, fléau si fréquent aux âges anciens. Le petit refuge avait été fondé au XII éme siècle et était desservi par de pieuses gens, le mari et sa fermière.

A côté se voyait la chapelle de saint Georges et de saint Roch, deux saints invoqués contre la terrible maladie.



Le petit hôpital, qui servait plutôt d'hôtellerie pour les pèlerins pauvres, était au midi de Chazay, sur le ruisseau du Pressin, au lieu dit de la Conche, à l'arrivée des routes de Lozanne et de Civrieux.
Quant au grand hôpital, dit de Saint André, il était situé dans le « Castrum » même, sur la grande place. On devait sa fondation, au XIII éme siècle, à la riche famille de Chiel, qui possédait la seigneurie de Tredos, à Morancé, qui fut plus tard Beaulieu.

Pour terminer cette énumération, mentionnons le Prieuré, qui date de la fondation du monastère de Chazay, et que l'on situe sur la terrasse, au milieu de la ville ; le Château à l'origine, ne faisait qu'un avec le Prieuré, et offrait, avec ses trois tours, une ligne de défense très résistante. Ce château connut de nombreuses modifications au cours des siècles. Les abbés du Terrail et de Naturel y laissèrent la trace de leurs travaux par la représentation de leurs armoiries sur des cheminées ornementales, visibles ou sur des dessus de porte que le temps ni les révolutions n'ont point détruits.


Une Vierge à l'Enfant, du XV éme siècle, est encore à signaler. On la voit au coin de la maison qui fait l'angle de la rue des Varennes et de la rue du Château. Les amateurs de sculptures sur bois verront aussi, avec profit et intérêt, le beau rétable du XVI éme siècle qui se trouve dans l'église actuelle. Ce dernier représente la Vierge et les quatre évangélistes.
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Des divers événements notables


La chronique n'est pas très prolixe sur les divers événements qui intéressèrent notre petite ville au haut Moyen Age. Les narrateurs manquèrent-ils à cette époque, où je n'écrivais guère? Moins favorisé que Savigny, qui eut, dans le bon moine Benoît Maillard, son mémorialiste curieux et papotier, Chazay fut négligé à ce point de vue et, seules, quelques bribes de son histoire sont parvenues jusqu'à nous.


C'est, au XIII éme siècle, la lutte sanglante et fratricide entre Hérachus de Montboissier, archevêque de Lyon, et Guy, comte de Forez, au sujet de certaine juridiction revendiquée par les deux adversaires. Le prélat possédait Chazay, à lui donné par l'empereur Frédéric Barberousse. Il en fit reconstruire les murailles, de telle sorte que toute attaque devenait impossible, même par le plateau de Morancé.

C'est depuis cette date que fut établi un marché hebdomadaire et créent trois foires annuelles, le 4 janvier, le 25 avril et le 3 décembre. Un des principaux articles vendus était le chanvre, qui se récoltait en abondance dans les « chenevières » voisines. Les tisseurs de la montagne pensaient fort ce produit, dont ils se servaient exclusivement à défaut du coton, qui n'apparaîtra qu'au XV éme siècle.

Assoupies un moment, les luttes entre les « grands » reprirent surtout auXV éme siècle. Les troupes de Charles le Mauvais, roi de Navarre, firent leur apparition dans nos contrées et, en 1358, l'alerte est donnée aux petites cités dépendant de l'archevêque de Lyon. Chazay était du nombre et, bientôt, se réfugièrent dans son chastel et forteresse les nobles et vilains, leurs femmes, leurs enfants et leurs bestiaux. Le « Castrum » vit également sa garnison renforcée.


L 'ennemi fut contraint de déguerpir sous la pression des troupes de Louis de Forez.En 1360, nouvelle agression venant des Routiers, appelés plus tard les Tard-Venus.

. Le traité de Brétigny, signé entre la France et l'Angle-terre, libérait chez nous une foule d'hommes d'armes, sans ressources. Ne pouvant vivre d'un travail honnête et régulier (le cas s'est renouvelé depuis), ces bandes se donnèrent des chefs et rançonnèrent villes et campagnes. Notre région devint le théâtre de leurs rapines et de leurs exactions.

Toutefois, devant la résistance de Chazay, ils passèrent outre et, sous la conduite du fameux Seguin de Badefol et de sa compagnie, dite la Margot, comptant 15.000 hommes, se tournèrent sur Lyon, mal défendu, et prirent la petite ville de Brignais en 1362. Ce que voyant, la noblesse du pays se réunit et, oubliant toute prudence, se jeta sur les troupes de Badefol, qui la taillèrent en pièces et tuèrent les principaux chefs, tels que Louis de Forez, Robert de Beaujeu, Jean de Bourbon et son fils Pierre.

Enivrés de leur victoire, Badefol et sa bande continuent leurs déprédations, pillent Roanne, l'abbaye de Savigny, Lozanne, mais échouent devant Chazay, avant de prendre Anse, dont on fait un centre des futures opérations.

Cette résistance de Chazay affectait particulièrement Badefol, qui résolut, en 1364, de tenter un suprême effort. Il ne fallait pas songer àattaquer la forteresse au midi, du côté de l'Azergues, où les remparts et la rivière étaient inexpugnables ; il valait mieux essayer l'attaque du côté de Morancé. Ce que fit l'ennemi, qui établit son camp au bas du coteau, appelé depuis Batailly. La déroute fut complète, et Chazay put enfin respirer. L annee suivante, moyennant une rançon de 40.000 écus d'or, le Chapitre de Lyon reprenait possession d'Anse, et Badefol se retira en Gascogne, son pays natal, avant de mourir empoisonné par les séides du roi de Navarre.

Les Routiers, joints aux Anglais, revinrent pourtant à la charge, poursuivis sans relâche par Duguesclin qui, croit-on, fut reçu à Chazay après avoir traversé la vallée de la Saône pour se rendre en Auvergne, mais rien n'est moins certain.
Maintenant laissons de côté ces tristesses, qui endeuillent pendant deux siècles notre histoire nationale, et tournons nos yeux vers des sujets plus poétiques et moins austères.

 

 

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